Archives mensuelles : octobre 2014

Le gros malin de l’UMP

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On reparle de Bygmalion.

Bygmalion était un groupe spécialisé dans le conseil et la communication basé à Paris et à Londres, fort d’une cinquantaine de collaborateurs. Fondé en octobre 2008 par un ancien cadre dirigeant de l’audiovisuel public, directeur délégué chargé de la stratégie, de l’innovation et de la communication, président de nombreuses filiales et inventeur du club France Télévisions, ce groupe se targuait de spécialisations en «Expertise, Discrétion, Culture du résultat, Sur-mesure».

Dès sa création il avait obtenu pour plus de 3 millions d’euros de contrats de la part de deux grands clients : le groupe UMP à l’Assemblée nationale – alors présidé par M. Copé – lui confiait diverses prestations : « veille et modération » sur Internet, « kit souffrance au travail », « monitoring e-réputation » et France Télévisions commandait de la veille sur Internet ou la gestion des mels des téléspectateurs. Des élus de l’UMP ont fait confier par leur mairie diverses petites prestations. L’UMP elle-même est devenue sa cliente pour des actions de formation ou d’organisation d’évènements, rejointe par des clients prestigieux : Dassault, Canal+, Arte, Coca-Cola, Dior, LVMH, Veolia, la Société générale, le Medef, l’Institut Montaigne et la Grande Loge Nationale de France, pour des montants plus limités. L’heure de gloire viendra quand Bigmalyon se verra confier l’organisation de la campagne du président de la république à sa réélection.

Mais tout ne semble pas clair. Les prestations semblent en général très chères : l’on suspecte que les clients «autres» auraient accepté de payer ces prix parce qu’ils pensaient aider ainsi l’UMP. Mais une partie de cet argent aurait pu servir à financer le train de vie – ou les caisses noires – de certains dirigeants plutôt que le parti. Inversement pour tenir le budget de la campagne présidentielle Bygmalion aurait sous-facturé ses prestations au candidat en se rattrapant par des sur-facturations à l’UMP.

Le fondateur de Bygmalion s’appelle Bastien Millot ;  c’est un ami fidèle de M. Copé dont il été directeur de cabinet à la mairie de Maux, puis chef de cabinet au porte-parolat du gouvernement. En 2004 il a été condamné, après plainte devant le tribunal correctionnel de la municipalité dont il était premier adjoint, à 8 000 euros d’amende pour avoir certifié 1 500 heures supplémentaires fictives d’un chauffeur ami. Une addition réglée par le contribuable.

Un spécialiste en «Expertise, Discrétion, Culture du résultat, Sur-mesure». Au fait BigMalyon ça donne BM comme Bastien Millot. Gros Malin, va !

mardi 7 octobre 2014

Avec un point de croissance t’as plus rien

Sucre d'orge

Le président François Hollande a estimé que la prévision de 1% de croissance pour 2015 paraissait« réaliste », en dépit du scepticisme du Haut conseil des finances publiques.

Cet organisme indépendant placé auprès de la Cour des comptes depuis la loi qui l’a créé en décembre 2012 pour apprécier le réalisme des prévisions macroéconomiques associées aux textes budgétaires a estimé que « la prévision de croissance de 1 % [en 2015] paraît optimiste».

Optimiste ne signifie pas forcément faux. 1 % de croissance c’est 1 % de PIB en plus. Rêvons à ce que 1 % va apporter à chacun des Français.

Pour les retraités d’abord : chaque année ils sont un peu plus nombreux en France, 2 % de plus. L’espérance de vie croît plus que l’âge de la retraite. Comme les pensions représentent environ 15 % du PIB, voilà 30 % de ce point de croissance consommés

Pour les malades ensuite : chaque année on dépense un peu plus pour la Santé en France. Le rythme d’augmentation a ralenti mais c’est toujours 3 % par an ou presque : les Français sont plus vieux donc plus malades et les soins toujours plus complexes et plus chers. Comme les dépenses de santé représentent environ 12 % du PIB, voilà encore 0,3 % de croissance bien utilisés.

Pour tout le monde enfin. Avec l’espérance de vie qui croît et le solde migratoire positif nous sommes de plus en plus nombreux chaque année. La part de chacun se réduit d’environ 0,4 % par an.

Donc avec 1 point de croissance on maintient le niveau de vie des retraités et des autres, en les soignant un peu mieux. Mais c’est tout. Devinez ce que cela signifie pour le pouvoir d’achat.

Question :avec 0,5 point de croissance ?

Les commissaires passent l’oral

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La Commission européenne doit être renouvelée avant le 31 octobre 2014.

Après le scrutin du 25 mai, les principales formations politiques du Parlement européen se sont d’abord mises d’accord pour désigner leur candidat pour la présidence parmi la formation ayant le plus de députés : M. Juncker. Bien qu’ayant dans un premier temps suscité les réticences de Mme Merkel et n’ayant jamais convaincu M. Cameron, il a été le 27 juin proposé comme président de la Commission au vote du Parlement, qui a ratifié sa nomination le 15 juillet dernier.

Il lui reste maintenant à obtenir le 22 octobre prochain l’investiture de l’ensemble de la Commission par un vote favorable du Parlement. Dans un premier temps chacun des commissaires désignés est soumis à la question par écrit puis durant trois heures d’audition par la commission parlementaire compétente. Si les députés ne sont pas satisfaits, ils peuvent poser des questions écrites complémentaires , voire demander une seconde audition, un « oral de rattrapage », avant de formuler leur avis.

Comme les candidats ont été désignés à l’issue de négociations au plus haut niveau prenant en compte les subtils équilibres tous ces auditions et votes sont d’habitude une simple formalité. Mais pas cette année ; cinq candidats commissaires ont déjà été bousculés. M. Moscovici ancien ministre français de l’économie, qui postule au portefeuille des affaires économiques de l’Union,en charge de la discipline budgétaire, s’est vu demander

M. Juncker va  avoir du mal à faire valider sa liste de 28 commissaires.

Ce n’est vraiment pas facile une équipe de 28. D’autant plus qu’il ne les a pas choisis. Ce sont les états membres qui désignent librement chacun un candidat. Comme ça on comprend bien qu’au sein de la Commission toutes les nationalités sont égales et que seule la compétence compte. Et il revient au président de la Commission de trouver des portefeuilles aux 28 commissaires, avec de vrais sujets,   correspondant aux enjeux de l’Union et aux compétences des commissaires qu’on lui a désignés. A 28 c’est plus difficile qu’à 15 mais M. Juncker y arrivera sans doute car les candidats sont sérieux : celui chargé du numérique a d’ores et déjà déclaré qu’il demanderait à son fils ce qu’est Internet.

Ce mécanisme folklorique est le résultat du traité de Nice de 2001 dont l’objet était de rendre les institutions européennes plus légitimes et plus efficaces dans la perspective de l’élargissement.

Oeuvre murale de satire politique ou graffiti offensant ?

BanksyUn graffiti se trouvait sur un mur de la ville de Clacton-on-Sea, dans le Sud-Est de l’Angleterre. Il représentait un groupe de pigeons s’adressant à une hirondelle à côté d’eux par des écriteaux contre l’immigration : « Les migrants ne sont pas les bienvenus« , « Retourne en Afrique » et « Laissez-nous nos vers de terre ».

Ayant reçu des plaintes accusant ce dessin d’être « offensant » et « raciste«  la mairie de la station balnéaire a fait nettoyer le mur.

Problème : ce graffiti était en fait une œuvre murale de l’artiste – anonyme – qui se fait connaître sous le nom de Bansky. Plusieurs oeuvres de ce célèbre artiste du street art ont déjà été détachées de leur support, et vendues plusieurs centaines de milliers de livres. La valeur du graffiti effacé était estimée à 400 000 livres (511 000 euros).

Les responsables de la mairie qui l’ont retiré du mur ont reconnu que l’aspect satire politique de l’œuvre leur avait échappé et regrettant leur erreur ont invité Banksy « à revenir à Clacton pour peindre une autre œuvre murale, réalisant trop tard les bénéfices en termes de tourisme d’avoir un Banksy dans la ville ».

Pas sûr que les citoyens choqués par ce travail auraient partagé l’idée qu’il n’était plus raciste depuis que l’auteur en était connu.

Des économies par des dépenses publiques qui augmentent

plusqu'hier

M. Sapin, ministre des finances et des comptes publics, annonce de sévères économies dans les  comptes publics en 2015 : 21 milliards d’euros. Elles seront réalisées par chaque acteur de la dépense publique : 7,7 milliards pour l’Etat, 3,7 milliards pour les collectivités territoriales, près de 10 milliards pour la Sécurité sociale.

Toutes ces mesures restent à détailler mais déjà M. Sapin peut affirmer que c’est l’Etat qui fera le principal effort : il est le seul dont les dépenses baisseront. En 2015,  il dépensera moins d’argent qu’en 2014 : 313,9 milliards d’euros contre 316,4 milliards cette année, soit une diminution de 2,5 milliards d’euros. C’est la première fois que cela devrait arriver.

Une économie de 2,5 milliards sur 316,4 cela représente près de 0,8 %. Considérable. Extraordinaire. Renversant. Et malgré tout très insuffisant pour arrêter l’augmentation de la dette.

Mais où trouve-t-on ces 7,7 milliards d’euros de réduction si précisément annoncés ? En comparant le budget prévu au niveau que les «dépenses auraient atteint si nous n’avions rien fait».

Autrement dit  : c’est nettement moins pire que si c’était beaucoup plus pire !

Pendant ce temps, devant le congrès du parti conservateur le chancelier de l’Echiquier fait sa campagne électorale en annonçant encore plus de sueur et de larmes pour éradiquer totalement le déficit. En Grande-Bretagne la courbe du chômage s’est retournée en retrouvant un niveau de 6,4 %.