Archives de catégorie : Economie

Tribun des bois

 

Liberté, égalité, fraternité.

Belle devise. Mais qui se heurte aux faits.

Notre pays connaît une situation profondément inégale : quelques privilégiés gagnent énormément d’argent et l’immense majorité beaucoup moins. La fraternité est tout aussi bafouée : ceux qui gagnent cet argent exercent des métiers à l’utilité bien contestable. Le paysan, qui nous nourrit, n’a pas le revenu du footballeur habile à dribbler, l’infirmière qui se dévoue pour sauver des vies, perçoit un bien maigre salaire Continuer la lecture

La route magique

C’est sans doute la période qui explique cela. C’est en effet au coeur de l’été, le 28 juillet 2016 que le président de la République avait fait son incroyable annonce. Pourtant passée quelque peu inaperçue.

Qu’on en juge : le président inaugurait ce jour là le premier grand chantier d’un important programme de projets d’infrastructures publiques Continuer la lecture

Des comptes trop courts

emprunt toxique

En 2006, la Métropole de Grenoble devait payer les travaux du stade des Alpes. Lors de la séance du conseil métropolitain du 24 novembre 2006, Madame Fioraso, alors première vice-présidente chargée des finances, a proposé au vote un programme d’emprunts pouvant atteindre 120 millions d’euros, dont 40 auprès de la banque Dexia .

Elle a expliqué en séance : « On bénéficie de taux bien plus avantageux si l’on négocie une somme globale. Oui, le taux est beaucoup plus intéressant, cela ne veut pas dire que l’on dépense tout ». Les élus de droite et écologistes ont voté contre mais la délibération a été adoptée.

Finalement la métropole a emprunté 25 millions d’euros auprès de Dexia. Avec une formule d’évolution des taux bien particulière, puisque faisant intervenir la parité de l’euro contre le franc suisse (EUR/CHF) :

  • tant que le taux de change EUR/CHF > 1,45 : Taux fixe = 4,34 %
  • sinon : taux = 6,14 % + 65 %* (1,45/EUR/CHF – 1). Par exemple, si la parité CHF/EUR revient à 1,45 le taux devient 6,14 % et si elle descend à 1,10 le taux d’intérêt est égal à 26,82 %

Que vient faire la parité euro/franc suisse dans cette opération de financement ? A vrai dire rien mais en contrepartie le taux était un peu inférieur à celui d’un emprunt à taux fixe « classique ». Certes on ne pouvait anticiper l’évolution du taux de change mais l’économie était réelle pour le budget 2007. Et comme à l’époque la parité était de 1,65 le risque était bien minime…

D’autant plus que la Métropole de Grenoble n’était pas en très bonne situation financière : son épargne nette (différence entre l’autofinancement et le remboursement du capital de la dette) était proche de zéro. Et comme les collectivités locales n’ont pas le droit de voter un budget avec une épargne nette négative souscrire de tels emprunts fin 2006 permettait de dégager quelques marges de manoeuvre bien utiles pour assurer en 2007 de nouvelles dépenses indispensables avant des élections municipales prévues en mars 2008.

On sait ce qu’il en est advenu de l’euro face au franc suisse : dès 2010 le cours de 1,45 était enfoncé. Et aujourd’hui il tourne autour de 1,10.  Conséquence, les emprunts sont devenus « toxiques ». La faute à Dexia qui a inventé des produits pour tromper des collectivités bien faibles devant une banque trompeuse ?

En fait aucun particulier, aucune entreprise ne souscrit à des conditions aussi étranges où l’on échange un faible gain certain et immédiat contre une forte perte peu probable dans le futur. Cela ne répond guère aux règles de simple prudence et de bonne gestion financière qu’on attend d’une collectivité dépensant l’impôt.

Et le président de la métropole – contrairement à d’autres élus- a eu la décence d’éviter de se poser en victime.

Il est vrai qu’il se nomme Didier Migaud.

Depuis lors nommé premier président de la Cour des comptes.

Mono modal

Meccano port

En juin, 2008 le Conseil de surveillance du Grand Port Maritime du Havre décidait de s’engager dans la réalisation d’un terminal multimodal unique en France.

Les opérateurs de transport combiné, qui acheminent les conteneurs débarqués au port,se montraient impatients de voir le projet lancé et d’y participer. « Le Havre, port majeur et porte d’entrée sur le Grand Paris, devait se doter d’un système d’optimisation du traitement de ses conteneurs. Le terminal multimodal, que nous partagerons avec des acteurs de qualité du transport combiné, est un outil industriel haut de gamme, élément majeur dans l’offre massifiée » déclarait le premier d’entre eux tandis que ses collègues renchérissaient : «nous avons besoin d’un système structuré et efficace nous permettant de traiter les conteneurs qui transitent par le port du Havre et notamment par Port 2000 : la plateforme havraise, avec ses deux postes fluviaux dédiés, nous offre la possibilité d’opérer ensemble sur un terminal multimodal et donc de développer plus largement des solutions alternatives au tout routier» « Un lieu de massification tel que la plateforme multimodale havraise, qui allie les différents modes, participe à pérenniser la confiance des clients et donc à augmenter les volumes traités » . Continuer la lecture

Embrassons-nous M. Le Foll

Vache et cochon

Des tables rondes qui tournent mal.

S’appuyant sur les termes de l’article 101 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne qui interdit notamment de « fixer de façon directe ou indirecte les prix et les conditions de transaction », de « limiter la production, les débouchés, les investissements… » et de « répartir les marchés ou les approvisionnements » la Commission européenne s’inquiète des multiples tables rondes organisées par M. Le Foll le ministre de l’agriculture au cours de l’année 2015.

Ces fonctionnaires à l’esprit étroit voient dans ces réunions des acteurs des filières porcine, bovine et laitière françaises organisées pour tenter de trouver des solutions aux crises récurrentes de ces filières autant d’incitations ministérielles à conclure  « un ou  plusieurs accords sur les prix et les restrictions sur les importations » parfaitement illégaux. Et des allégations de comportements anticoncurrentiels dans les déclarations faites à leur occasion par les organisations professionnelles agricoles, les entreprises des filières concernées et les enseignes de distribution, comportements qui pourraient constituer autant d’infractions .

Tous les participants aux tables rondes Continuer la lecture

Arrête le bio tu attaques la planète

donkey-and-carrot

En 2007 le Grenelle de l’environnement, voulant encourager la consommation des produits issus de l’Agriculture Biologique (AB) avait fixé l’objectif de 6 % de la surface agricole utile française en AB en 2012 et de 20 % pour 2020. Un premier triplement en 5 ans et un second en 8 ans.

Mais si le marché français des produits bio a plus que doublé depuis 2007 pour dépasser les 5 milliards de chiffre d’affaires en 2014 cela ne représente jamais que 2,5 % du marché alimentaire total. Et si les surfaces agricoles exploitées en AB ont plus que doublé entre 2007 et 2014 – de 1.98 % à 4.14 % exactement – on est encore bien loin de l’objectif fixé pour 2012. Et pour autant la production nationale ne parvient pas à satisfaire la demande : le quart des produits bio consommés en France sont importés.

Bien moins de production que prévu Continuer la lecture