Potard reste à sa place

Qui se souvient de la grippe de cet hiver ?

Des services d’urgences débordés par l’afflux de malades, des hôpitaux peinant à leur trouver des lits. Tout cela dans la sixième puissance économique mondiale, au modèle social si développé.

Encore une conséquence  des coupes budgétaires imposée par l’orthodoxie bruxelloise ? Moins d’argent, moins de lits et moins de personnels, et l’hôpital public se retrouverait incapable de faire face.

Surtout que la grippe est loin d’être inconnue. C’est une maladie banale dont le retour régulier est prévisible, et le traitement bien maîtrisé : « une bonne grippe se soigne en une semaine et une mauvaise grippe en sept jours ». 

En fait nombre de malades se précipitant aux urgences n’avaient rien à y faire : pour la plupart d’entre eux, consulter un médecin aurait été plus simple, plus rapide et tout aussi efficace. Et pour la grande majorité des autres suivre les recommandations des autorités sanitaires qui depuis l’automne n’avaient cessé de prévenir de l’arrivée de l’épidémie, en s’étant fait vacciner leur aurait à coup presque sûr – certes le vaccin n’est jamais parfait – évité tous ces désagréments. D’autant que les autorités sanitaires avaient mis à disposition des vaccins fiables et bon marché, qui plus est remboursés aux personnes identifiées « à risque ». Ce psycho-drame sanitaire était surtout l’effet de la procrastination largement partagée de citoyens pour qui « mieux vaut prévenir que guérir » reste une formule valable pour leur voisin uniquement.

Il faut reconnaître que pour le Français moyen se faire vacciner n’est pas simple : il doit consulter un médecin qui lui prescrira le vaccin, puis aller dans une pharmacie pour acheter sa dose, avant de retourner chez son médecin – ou se rendre chez un infirmier – pour être enfin vacciné. Plusieurs heures au total pour un geste médical de 30 secondes consistant à ficher une micro-aiguille stérile dans le deltoïde. Ce processus est bien long. Une fois que la vaccination a été reconnue possible par un médecin, il serait pourtant si simple que le pharmacien – ou tout professionnel de santé – puisse vacciner lui-même. Cela n’a d’ailleurs pas échappé au ministère de la Santé, qui avait envisagé en 2014 que les pharmaciens soient autorisés à vacciner contre la grippe. Au grand dam des médecins qui voyaient là une atteinte à leur monopole de soins … et la perte d’une petite rente hivernale. Lors des débats parlementaires la ministre avait préféré, pour mieux maintenir sa réforme-phare de généralisation du tiers payant, reculé sur ce point technique. Et ce n’est que fin 2016 que des parlementaires ont décidé, contre le gouvernement, que dans le cadre d’une « expérimentation » – n’allons pas trop vite… – des pharmaciens auront le droit de vacciner les adultes contre la grippe saisonnière à la fin cette année.

L’ordolibéralisme bruxellois vous dis-je.

 

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