Archives mensuelles : mars 2016

Les malheurs de François

Chaton triste

François est né il y a 38 ans à Aurillac. Son père, un auvergnat de souche, y tenait une boutique de reprographie tandis que sa mère – une bretonne – enseignait l’anglais au lycée de la ville.

Quand il a neuf ans sa famille quitte l’agglomération aurillacoise pour rejoindre Chamalières, près de Clermont-Ferrand. Au collège il connaît un moment de célébrité lorsque ses camarades le désignent pour les représenter au conseil régional des jeunes d’Auvergne. Elève précoce il obtient en 1995, à 17 ans, son baccalauréat scientifique avec la  mention « Assez Bien ». Mais aux sciences il préfère le droit public, qu’il va étudier à l’université de Clermont-Ferrand-I. En 1999, le jeune homme rejoint Paris pour y poursuivre ses études à l’université Panthéon-Sorbonne ; François obtient un DESS de Science politique – Spécialité Administration du politique en 2001.

Pour son stage de fin d’études il sollicite trois hommes politiques dont M. Bartolone, alors ministre de la ville, qui le retient. A l’issue du stage il le  recommande à Mme Lepetit, toute récente maire du 18e arrondissement de Paris. François en devient immédiatement le collaborateur.

Il est chargé des questions relatives à la sécurité et la toxicomanie et participe activement à l’élaboration du contrat local de sécurité de l’arrondissement. Il s’inscrit au Parti Socialiste. Et tout naturellement, d’agent municipal il devient collaborateur de cabinet puis en 2008 candidat aux élections municipales. A vrai dire, et M. Vaillant le maire d’arrondissement n’en fait pas mystère, avoir sur sa liste un homme jeune et auvergnat dans un arrondissement populaire où bien peu d’électeurs sont des Parisiens de souche est un bon choix. Il est élu au Conseil de Paris et désigné comme adjoint au maire de Paris, chargé de la prévention et de la sécurité.

A peine élu François est appelé au conseil national du Parti socialiste et en 2012 à son bureau national. Lors de la campagne des élections municipales de 2014 à Paris, il est l’un des porte-parole de Mme Hidalgo. Mais si la future maire le pousse pour prendre la tête de liste dans le 18e arrondissement, M Vaillant lui préfère un autre successeur. C’est le premier accroc dans cette belle ascension. Vite corrigé puisqu’en mai 2014 il devient secrétaire national du Parti socialiste chargé des questions de sécurité, et quelques mois plus tard secrétaire d’État à la Politique de la Ville. Il est le benjamin du gouvernement.

Et sa progression ne s’arrête pas là : en septembre 2015 il est nommé  ministre du Travail. Sa promotion imprévue à ce poste de premier plan étonne. Comment un jeune homme dont la carrière politique se limite à adjoint municipal mais n’a jamais été parlementaire et n’a aucune formation ni expérience personnelle du milieu de l’entreprise ou du droit du travail peut-il avoir été choisi pour ce ministère ?

Début 2016 François se retrouve chargé d’un projet de loi réformant le Code du travail, reprenant l’essentiel du projet dit « Nouvelles opportunités économiques » qui avait été préparé par M. Macron.

Mais ce projet de loi suscite une forte opposition. Un des anciens collègues de François à la mairie de Parie déclare être « humainement, personnellement et politiquement déçu » qu’il porte ce projet et la maire elle-même en demande le report. François est dépassé par les critiques de tous bords. La presse et les commentateurs politiques lui font un procès en incompétence : François est trop jeune, trop inexpérimenté, trop mal formé, trop dépendant du premier ministre.

Heureusement ses soutiens se mobilisent  ; François, expliquent-ils, est compétent, sérieux, honnête mais il n’est mis en cause que parce qu’il est un jeune auvergnat et victime à ce titre de discriminations injustes. Position relayée par nombre d’associations masculinistes et régionalistes.

Sans grand écho. Preuve supplémentaire de cette discrimination ?