Après avoir déjà obtenu deux reports de deux ans pour revenir sous la barre des 3% du PIB pour son déficit budgétaire, sans pour autant avoir tenu l’objectif, la France est en train d’user la patience de ses partenaires de la zone euro.
La Commission, qui n’avait pas vraiment le choix, a accordé un nouveau délai de deux ans. Ce qui amène à 2017. Le gouvernement aurait voulu une dérogation pour porter ce délai à trois ans, afin de ne pas avoir à rendre des comptes juste avant la campagne présidentielle. Mais cette perspective en hérissait déjà beaucoup à la Commission. Le commissaire à l’Économie numérique, l’Allemand Günther Oettinger, avait ainsi averti que «la crédibilité du pacte de stabilité était en jeu».
Echaudée, la Commission a décidé d’appliquer des mesures exceptionnelles. Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques a indiqué que le gouvernement français devra présenter en avril un programme de réformes structurelles «ambitieux et plus détaillé». La Commission cible la faible profitabilité des entreprises, la détérioration de la compétitivité et la hausse de l’endettement public. Et si jamais la France ne présentait pas une copie satisfaisante, la Commission mettrait Paris en demeure. Elle ne pourrait plus échapper aux sanctions que si une majorité qualifiée d’États membres votaient contre. C’est la première fois que la Commission fixe un calendrier aussi serré à un État pour redresser ses comptes.
D’autant plus vexant que l’Italie et la Belgique, également mises en cause en novembre 2014. ont elles, échappé à une entrée en procédure de déficit excessif.
L’équation budgétaire devient difficile pour le gouvernement, confronté à des dérapages de tous ordres. Et côté réformes, la tâche n’est pas facile. La Commission réclame des réformes du marché du travail, ce qui est loin d’enthousiasmer la majorité parlementaire. Et l’assurance-chômage – qui présente une dérive importante – est du ressort des partenaires sociaux…
Mis en cause devant le Parlement européen, M. Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe a fait il y a quelques jour une sortie politique plutôt rare pour défendre son institution « à l’Eurogroupe, nous avons le mandat de dix-neuf électorats nationaux. Chacun des dix-neuf ministres doit aller s’expliquer devant chaque parlement national. »Pour lui « Les vraies questions sont ailleurs. Combien de promesses électorales étaient réalistes ou prononcées de bonne foi ? Le problème venait-il de Bruxelles ? Cela ne sert à rien de blâmer l’Europe pour des problèmes nationaux qui sont là depuis très longtemps, qui auraient du être réglés de longue date et pour lesquels la classe politique du pays doit accepter de prendre ses responsabilités».
Pas de confusion : bien qu’il ne la nommât point, c’est de la Grèce qu’il parlait.