C’est le fonds qui manque le moins

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A la fin de l’année dernière M. Juncker, le nouveau président de la Commission a annoncé un plan de 315 milliards d’euros d’investissements dans « l’économie réelle ». Sans attendre que le Parlement européen valide les modalités de cette initiative, les Etats étaient incités à soumettre leurs projets.

Le gouvernement français, jamais à court d’idées de dépenses, avait transmis une liste de 32 projets. Refusée par la Commission européenne. Pas question de financer « à fonds perdus  » l’équipement numérique des campus universitaires, la rénovation du réseau ferroviaire ou la rénovation des quartiers populaires. Les projets ne répondaient pas aux trois critères : être viables économiquement, être réellement nouveaux (le plan Juncker ne finance pas des travaux qui se seraient faits sans lui), s’inscrire dans quelques grandes priorités : recherche et innovation, transition énergétique, infrastructure numérique, formation…

En fait, l’Union européenne (UE) ne va pas verser 315 milliards.

La Commission a constaté que les investissements dans l’UE restent à un niveau inférieur à celui d’avant la la crise (15 % de moins qu’en 2007). Et que les nombreuses liquidités disponibles ne s’investissent pas dans l’économie réelle. Pour elle c’est une  «défaillance du marché» qui serait déstabilisé par les « incertitudes liées à l’évolution économique et politique ». Et dès lors que « les seules forces du marché ne peuvent apporter de solution à court terme » les « pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer ». Pour ce faire l’UE crée un fonds spécifique, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement (BEI), qui disposera de 21 milliards d’euros pour garantir des financements de projets. Les risques  d’un projet sont normalement supportés en priorité par les actionnaires, puis par les détenteurs de «dette subordonnée», et enfin seulement par les créanciers de premier rang. En prenant à sa charge, éventuellement avec l’aide d’autres co-financeurs publics la part la plus risquée des financements, le fonds entend susciter l’intervention massive de financements privés au premier rang. Mais pas donner des subventions. Et il sera limité à 5 milliards d’intervention en fonds propres, les plus risqués.

La France reprend sa copie et s’active pour obtenir le maximum du plan. Ca va être difficile : contrairement à bon nombre de programmes européens le plan Juncker ne prévoit pas d’enveloppes nationales. Pour se donner les meilleures chances le gouvernement a mobilisé Bpifrance  et la Caisse des dépôts pour apporter 8 milliards de cofinancements publics. Il considère que cet effort devrait permettre de recevoir un montant équivalent du fonds. Mais seuls les « meilleurs » programmes seront retenus par le fonds et la compétition est ouverte.

Alors on bat le rappel des porteurs de projets :  centrales éoliennes, méthaniseurs, la liaison CDG Express, les grands projets d’interconnexion électrique avec l’Espagne et l’Italie, l’usine du futur, etc. La Commission et la BEI souhaitent que les Régions fassent des propositions, mais celles-ci peinent à en trouver, du moins dans les critères.

A vrai dire la France dispose déjà de nombreux canaux de financement de l’économie, en particulier Bpifrance, créée pour cela ou le fonds de financement de la transition énergétique prévu dans le cadre de la loi annoncée par Mme Royal.

Certes inventer de nouveaux outils ça créée de l’activité politique et administrative, mais ne serait-il pas plus raisonnable de chercher à comprendre pourquoi toutes ces initiatives n’arrivent pas à susciter un véritable élan chez les investisseurs de l’économie réelle ?

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