Les animaux malades de la sécurité.

-moutons-panurge

Interrogés, 63 %  des Français se déclarent favorables à une limitation des libertés individuelles, sur Internet, notamment en surveillant les données de navigation des internautes, contre 32 % qui s’y opposent. Seuls les jeunes entre 18 et 24 ans sont contre, à une petite majorité.

Pour les Français ,la lutte contre le terrorisme et le souci de la sécurité justifient largement ce coup de canif dans le drapeau de la valeur fondatrice de la République qu’est la liberté.

Il y a plus d’un siècle un essayiste célèbre expliquait déjà  » comment l’amour croissant du bien-être et la nature mobile de la propriété faisaient redouter aux peuples démocratiques le désordre matériel. « 

« L’amour de la tranquillité publique est souvent la seule passion politique que conservent les peuples »  constatait-il en regrettant que « cela dispose naturellement les citoyens à donner sans cesse ou à laisser prendre de nouveaux droits au pouvoir central, qui seul leur semble avoir l’intérêt et le moyen de les défendre de l’anarchie en se défendant lui-même. »

C’est à l’examen du fonctionnement de la Démocratie en Amérique qu’Alexis de Tocqueville faisait ce constat quelque peu paradoxal de l’avènement d’une oppression d’un genre nouveau, non plus despotique ou tyrannique, mais une « sorte de servitude, réglée, douce et paisible (…), un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, [agissant par] un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes [qui] ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »

Mais peut-être sous estimait-il ces  timides animaux, du moins de l’autre côté de l’Atlantique.

On apprend en effet que les élus américains ont décidé la réforme des méthodes de surveillance américaines avec l’adoption  d’un projet de réforme, nommé USA Freedom Act, qui supprimerait l’article central du Patriot Act, texte adopté en urgence après les attentats du 11 septembre 2001, afin d’interdire la collecte massive de données personnelles. Et comme avant même d’avoir été formellement remplacé cet article est arrivé à expiration le 1er juin, la NSA, l’agence américaine de sécurité a dû débrancher ses serveurs.

Pour la première fois depuis 14 ans, « les Américains sont libres de passer leurs coups de fil à des amis, petits copains et copines, partenaires d’affaires, médecins ou pour commander une pizza, sans que ces communications finissent dans les serveurs de la NSA ». Et « pour la première fois depuis 14 ans, poursuit le journal, les services de renseignements doivent se tourner vers les compagnies de téléphones et demander leur autorisation pour avoir plus d’information sur le contenu d’un appel téléphonique » se réjouit le New York Times.

Wait and see.

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