M. Fabius, le ministre des Affaires étrangères a suspendu ce vendredi 11 septembre la consule honoraire de France à Bodrum (Turquie). Cette dame, commerçante de son état, a reconnu avoir vendu des bateaux pneumatiques à des exilés cherchant à rejoindre la côte grecque de l’Iîle de Kos, située à moins de 5 km à vol d’oiseau, en risquant leur vie dans ces frêles esquifs.
Inhumaine exploitation de la misère humaine. Que la consule justifie de manière simpliste : « il y aura toujours quelqu’un pour le faire« .
Ces exilés qui proviennent le plus souvent de camps de réfugiés turcs ou libanais arrivent par leurs propres moyens à Bodrum. Ils y trouvent des boutiques de produits de plage bien achalandées dont les vendeurs se pressent pour leur vanter la qualité de leurs bateaux pneumatiques et gilets de sauvetage.
Après avoir embarqué de nuit, sur des plages un peu éloignées du port, pour échapper aux garde-côtes turcs qui les traquent mollement, ils traversent en quelques heures. Arrivés sur les plages grecques il ne leur reste plus qu’à saborder leur embarcation, avant d’aller se signaler à la police locale et devenir officiellement des réfugiés en Europe.
Cette courte navigation sur la mer Égée, habituellement calme pendant l’été est moins dangereuse que bien d’autres traversées. Mais régulièrement des embarcations trop chargées ou maladroitement pilotées chavirent, et des migrants se noient.
A vrai dire il existe des liaisons régulières par ferry entre Kos et Bodrum : le trajet dure 20 minutes et le plein tarif est de 20 euros. Pourquoi alors prendre autant de risques ? C’est que les compagnies de ferrys vérifient scrupuleusement les passeports et refusent l’embarquement à tout exilé sans document de voyage en règle.
Stricte application de la directive européenne 2001/51/CE du Conseil du 28 juin 2001 qui impose aux transporteurs acheminant sur le territoire des pays de l’Union européenne des ressortissants de pays tiers qui ne sont pas titulaires des titres d’admission réguliers de les réacheminer à leurs frais et leur fait encourir de lourdes sanctions pécuniaires ( 3000 euros minimum) en cas de débarquement de voyageur irrégulier. Certes la convention de Genève interdit à un pays de refuser l’entrée de réfugiés « sans papiers » et le transporteur qui achemine un réfugié ne peut être sanctionné ; mais s’ils s’avérait qu’un voyageur qu’il a transporté ne pouvait prétendre finalement au statut de réfugié, l’Etat de débarquement pourrait en plus de la sanction et du réacheminement mettre à sa charge l’ensemble des frais liés à cette situation.
Voilà qui n’incite pas à embarquer des personnes qui se déclarent réfugiées. En fait le droit de débarquer se limite aux réfugiés qui ont pu embarquer. Mais l’embarquement n’est pas un droit et il ne concerne pas l’Europe puisque qu’il s’effect dans un pays tiers.
Il y aurait bien une solution : que le consul de France en Turquie, le vrai, l’honorable, pas l’honoraire, accorde des visas humanitaires. Les exilés pourraient prendre le ferry. Voire l’avion direct.
Oui, mais pour se rendre en France uniquement.
Hypocrisie.