La COP 21 qui s’est tenue au Bourget a beaucoup fait parler par la présence inédite de très nombreux chefs d’état. Mais plus discrètement, elle a été également un véritable laboratoire de l’économie circulaire.
De nombreux délégués, membres de délégations, simples auditeurs et autres journalistes ont assisté aux débats tout au long des deux semaines de cette conférence intergouvernementale. Et pour servir les boissons nécessaires à les désaltérer les organisateurs avaient choisi de faire confiance au traditionnel gobelet plastique.
Léger et économique le gobelet plastique est très pratique. Mais comme toute manière plastique il est produit à partir de pétrole, un combustible fossile. C’est pourquoi les organisateurs ont choisi des gobelets réutilisables 100% recyclables.
Après son utilisation – et réutilisation – le gobelet est transformé en granulés de plastique qui constituent une matière première de 2ème génération pour les industriels de la plasturgie. Le recyclage évite les impacts écologiques de l’incinération ou de l’enfouissement.
Et pour inciter à la réutilisation les organisateurs ont mis en place une véritable taxe carbone. Chaque buveur devait verser une caution de 1 euro par gobelet plastique réutilisable. Rendue uniquement au retour du gobelet, quel que soit son état, mais dont on pouvait ainsi garantir qu’il allait être recyclé. Bel exemple de mécanisme économique non punitif favorisant une action environnementale bonne pour la planète.
Mais voilà « des gens se sont servis dans la réserve de gobelets pour exiger ensuite leur caution” a rapporté un serveur. Les organisateurs ont dû resserrer leur dispositif : pour espérer se faire rembourser sa caution de 1 euro, il a fallu montrer un justificatif de vente, ou engloutir sa boisson devant le serveur dès l’achat. Ou alors avoir une “bonne tête” et se faire un pote du serveur au travers de délicates parlementations …
Sachant que le recyclage d’un gobelet de plastique permet d’économiser entre 12 et 20 g de CO2, ce qui nécessite donc de gérer au moins 50 000 gobelets pour en économiser une tonne, le coût de la tonne de carbone évité par cette gestion est sans conteste très au-delà des 100 € dont chacun s’accorde à dire qu’il serait un objectif souhaitable – même si sur le marché actuel il ne dépasse guère les 20 € .
Une comptabilité complexe entraînant des débats sans fin, et requérant surveillance et administration, des revenus non mérités, du trafic, voire de la corruption, engendrés par une action environnementale qui se voulait désintéressée.
M. Tirole, le prix Nobel semble s’étonner que la question du prix du carbone, sur laquelle le monde économique s’était pourtant fortement mobilisé, soit finalement exclue de l’accord de Paris sur le climat .