Le 11 septembre 2014 M. Obama annonce solennellement « Nous détruirons l’Etat islamique ». Les Etats-Unis prennent la tête d’une coalition internationale contre le groupe terroriste le plus violent au monde. La France s’y associe ; dès le 19 septembre elle engage 12 avions de combat dans la campagne de frappes aériennes en Irak.
Trois jours après, le groupe terroriste profère des menaces directes contre la France. Il appelle ses partisans à tuer « de n’importe quelle manière » des citoyens français, militaires comme civils. Le message est éloquent : aux attaques terroristes « classiques » menées par exemple avec des engins explosifs pourront s’ajouter des attaques individuelles, le groupe islamiste ultra-radical appelant à tuer « le mécréant » en « frappant sa tête avec une pierre, l’égorgeant avec un couteau, l’écrasant avec sa voiture, l’étranglant » ou en l' »empoisonnant ». Pour les commentateurs « c’est une certitude, au minimum, des actions terroristes vont être tentées sur le sol français, en plus grand nombre que jusqu’à présent. Elles avaient déjà été tentées par des combattants, de leur propre chef. Cette fois-ci, la consigne a été donnée collectivement ».
Le lendemain M.Hollande déclare «la guerre contre le terrorisme» et rappelle solennellement que la France ne cédera à «aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum» malgré la récente capture d’un otage en Kabylie, qui sera assassiné trois jours plus tard. La France est en guerre.
Devant la menace le ministre de l’Intérieur M. Cazeneuve indique que le dispositif Vigipirate prévoit une surveillance permanente dans les transports, le contrôle des accès aux bâtiments officiels et la surveillance des lieux publics fréquentés : « il est aujourd’hui opérationnel et efficace ». Il annonce le renforcement sur l’ensemble du territoire de la vigilance de la police aux frontières et du renseignement intérieur en précisant que « depuis plusieurs mois déjà, nos forces de sécurité sont pleinement mobilisées afin de prévenir les risques liés à l’activité des groupes terroristes en Syrie et en Irak »
« Même si le risque zéro n’existe pas, nous prenons aujourd’hui 100% de précautions ». Précautions grâce auxquelles le gouvernement put se féliciter plusieurs fois d’avoir déjoué des attentats.
Mais malheureusement ministre comme commentateurs avaient raison. Et le 13 novembre 2015 c’est une grande attaque faisant des centaines de victimes à Paris qui cause un immense choc en France. Les experts mobilisés par les media expliquèrent qu’un tel attentat était presque impossible à prévenir et que la démonstration de forces de sécurité comme l’opération Sentinelle n’avait d’autre utilité que psychologique : seule une action continue de renseignement permettant d’identifier et surveiller les terroristes potentiels pourrait être efficace sur le long terme.
C’est alors que prenant sa part de l’action résolue contre le terrorisme, Mme Royal annonce qu’il faut expérimenter la mise en place de portiques de sécurité dans les gares TGV.Sans attendre elle annonce que l’installation en est prévue « dans les jours qui viennent » pour les gares du Thalys. Dûment chapitrée, la SNCF les a mis en service dès le 20 décembre à Paris et à Lille. Tout en précisant que pour la seule gare du Nord ces nouvelles mesures de contrôle lui coûteront cinq millions d’euros par an.
A vrai dire, en août 2015, après l’attentat raté dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris la ministre avait déjà préconisé l’installation de portiques de sécurité pour contrôler les passagers des trains internationaux. Le président de la SNCF l’avait alors exclu fermement : « Je crois que la question d’étendre le système des aéroports aux gares, aujourd’hui, on ne peut pas dire que c’est réaliste ». L’exemple de l’Espagne, seul pays où pour accéder au quai, les passagers des TGV doivent depuis 2004 présenter leurs billets à un agent de sécurité, passer sous un portique de sécurité et faire contrôler leurs bagages ne lui paraissait pas pertinent. « Ce n’est pas une piste sur laquelle il faut compter » avait-il tranché soulignant le fait que « le train en France, c’est 20 fois plus que le trafic aérien ».
Pour les forces de police c’est simple : si on sécurise les TGV les terroristes viseront ailleurs : un cinéma, un centre commercial, une école, ou tout simplement le métro ou le train de banlieue. En fait les attentats terroristes dans les trains ont toujours visé les transports du quotidien qu’il s’agisse du RER B à la station Saint-Michel en 1995, des cercanías à Madrid en gare d’Atocha à Madrid en 2004 ou des attentats-suicides dans le métro de Londres en juillet 2005.
On s’étonnait que l’Espagne aie décidé la mise en place du contrôle systématique sur les TGV après des attentats dans des trains de banlieue.
Mais décider que l’installation de portiques dans les gares, considérée comme superflue après une tentative d’attentat dans un train, devient indispensable après des attentats contre des bars, un stade et une salle de spectacle manifeste l’ampleur du génie français.