Le volatile est un canard, un organe de presse hebdomadaire spécialisé. La guérite se trouve dans Paris, le long de la petite ceinture : c’est un ancien local technique désaffecté, d’une douzaine de mètres carrés. Le chemineau, on dit maintenant SDF, a trouvé refuge dans la guérite dont il a fait depuis une dizaine d’années son domicile. Jusqu’à ce que récemment le propriétaire des lieux, Réseau ferré de France, reçoive «notification officielle» de cette occupation sauvage et, du coup, engage une procédure d’expulsion ; sa responsabilité serait susceptible d’être «engagée». Ce dont le volatile se gausse : pourquoi se réveiller au bout de dix ans ? Il n’y a pas grand risque d’être renversé par un train sur sur la petite ceinture.
Mais là n’est pas la question. Le propriétaire du domaine public doit respecter la loi : l’occupation doit être régularisée par un titre. Ce titre ne saurait ignorer que ce local sert de domicile. La loi prescrivant des mesures minimales pour toute habitation, Réseau ferré de France devrait procéder à d’importants et coûteux travaux pour respecter les normes. Ce n’est pas son métier. Il expulse.
Et pas la peine d’essayer d’ignorer les normes par accord. Ni d’oublier qu’il a un occupant sans titre. S’il peut démontrer que Réseau ferré de France était au courant et a laissé faire, un juge pourrait le mettre en demeure de loger décemment ce chemineau.