Les citoyens suisses ont par 61,9% des voix rejeté dimanche l’initiative pour une caisse maladie publique unique.
Aujourd’hui les Suisses ont l’obligation de s’assurer à une caisse maladie. La loi fédérale fixe les différents régimes d’assurance qu’une caisse doit offrir et les critères tarifaires, qui se résument en canton d’habitation et classe d’âge : enfant, jeune ou adulte. Il existe 59 caisses, toutes privées, tenues d’accepter tout demandeur et qui fixent elles-mêmes leurs cotisations. Pour garantir leur solidité l’autorité fédérale vérifie néanmoins que les tarifs adoptés par une caisse lui permettent bien de couvrir ses coûts prévisibles.
En pratique la prime standard annuelle pour un adulte est de 4950 Francs suisses – soit 4100 euros – payés par les assurés eux mêmes ou leurs parents. Ces chiffres expliquent en partie le niveau élevé des salaires en Suisse : une famille avec deux enfants doit consacrer 1000 francs suisses par mois à l’assurance maladie. Toutefois 30 % des Suisses bénéficient d’une aide publique et certains employeurs contribuent également.
L’argument des promoteurs de l’initiative s’appuyait sur l’augmentation continue des primes constatée. Une caisse publique unique et n’ayant pas d’actionnaires à rémunérer ni de dépenses de communication et bénéficiant d’économies d’échelle serait forcément plus économe.
Les opposants à cette initiative, au premier rang desquels le gouvernement fédéral affirmaient « Nous n’avons pas de déficit en Suisse» et doutaient qu’un système contrôlé par l’État freine la dépense de santé. Le contre-exemple de la France était mis en avant.
Justement ce lundi en France un sondage de l’Ifop sur le modèle national de protection sociale indique que 77 % des personnes interviewées souhaitent le préserver. En même temps, 55 % des sondés étaient d’accord pour reconnaître que ce modèle français «est devenu coûteux et inefficace», et 69 % pour approuver l’idée qu’«il faut le réformer, le redimensionner, pour le rendre moins coûteux, quitte à réduire les prestations ou le champ de ceux qui en profitent».
Belle évolution conceptuelle.
En revanche, interrogés plus en détail si 4 % à peine acceptent l’idée d’une augmentation des prélèvements 20 % seulement acceptent une réduction des prestations.
Qu’est ce qui fait que les Suisses n’ont pas notre pensée magique ?