La pollution tue.
A l’origine : les particules fines, de la taille d’une cellule en suspension dans l’air ambiant, qui se glissent dans l’appareil respiratoire et peuvent entraîner des inflammations respiratoires suivies d’atteintes de l’appareil cardio-vasculaire, pouvant conduire à l’hospitalisation ou au décès.
Les études épidémiologiques portant sur l’exposition à long terme aux particules fines mettent en évidence des augmentations significatives de la mortalité et de la survenue de maladies respiratoires et cardio-vasculaires. En octobre 2013, les particules de l’air ambiant ont été classées comme agent cancérigène par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la base d’un niveau de preuve suffisant d’une association entre exposition et risque augmenté de cancer pulmonaire.
Ces études ont permis à l’OMS de définir des « lignes directrices » précisant les niveaux de concentration de ces polluants en dessous desquels aucun trouble n’est détecté. Et les pays européens se sont donné par la loi – Directive 2008/50/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe – l’objectif de ne pas dépasser ces seuils plus de 35 jours par an.
Les particules fines ont trois sources principales : le trafic routier, surtout les moteurs diesel, les activités industrielles et le chauffage au bois. En Rhône-Alpes, la principale cause de pollution aux particules fines est le chauffage au bois individuel – et pas les chaufferies à bois collectives. Le bois « domestique » est trop souvent utilisé dans de mauvaises conditions : des foyers ouverts ou anciens laissant s’échapper des particules durant la combustion dans lesquels on brûle du bois humide ou traité.
En moyenne, sur l’année, le chauffage au bois domestique est responsable de 34 % de la pollution aux particules fines en Rhône-Alpes. En période de grand froid l’émission de particules fines est multipliée par 4 et peut contribuer jusqu’à 71 % du total. Et les particules se diffusent bien au-delà de leur lieu d’émission.
Avec tous ces poêles surtout l’hiver, l’objectif des 35 jours n’est pas tenu partout.
C’est ballot : le chauffage au bois permet de diminuer le dioxyde de carbone et donc le réchauffement climatique. Bien. Mais brûlé dans de mauvaises conditions, le bois dégage des particules fines et pollue. Pas bien.
Au début de l’année 2013, l’INVS (Institut national de veille sanitaire) en appelait à des politiques « plus radicales » en la matière. « L’ensemble des secteurs émetteurs ont vocation à contribuer à la réduction des émissions des particules. Néanmoins, au niveau des transports, les normes européennes qui imposent les filtres à particules ont constitué une amélioration majeure des performances des véhicules. Au fur et à mesure que le parc de véhicules se renouvelle, on a une amélioration. Aujourd’hui, des actions vigoureuses sont nécessaires sur le secteur résidentiel tertiaire et donc du chauffage au bois ».
« Il y a encore cinq ans, on avait du mal à faire partager ce constat par les acteurs de la filière bois énergie. Il a fallu le prouver notamment au travers d’analyses chimiques des particules. Aujourd’hui, ces blocages ont été levés » se réjouissait alors l’un des directeurs d’Air Rhône-Alpes, l’organisme mesurant la qualité de l’air en Rhône Alpes.
« On nous a fait croire que les feux de cheminée polluaient plus que les voitures diesel » vient de déclarer aujourd’hui la ministre de l’Ecologie qui confirme s’opposer à l’écologie punitive.