Archives de catégorie : Fait divers

Un gazier pas quelconque

Usine à gaz

Selon le « Canard Enchaîné » M. Mestrallet PDG de GDF Suez devrait percevoir une retraite-chapeau de 21 millions d’euros lorsqu’il quittera le groupe en 2016, atteint par la limite d’âge de 67 ans.

La CGT du groupe s’étonne d’un montant pareil au moment où l’entreprise a engagé « un plan de rigueur énorme de l’ordre de 4,5 milliards d’euros ».

L’entreprise précise à la presse que son président touchera 831 641 euros de retraite sur-complémentaire chaque année. Les engagements liés à cette retraite dont le versement sera assuré par l’entreprise pendant toute la durée de la retraite du bénéficiaire nécessitent une provision comptable qui serait de l’ordre de 15 à 16 millions d’euros – et non de 21 millions d’euros. 831 641 euros sont à comparer à la rémunération totale perçue par M. Mestrallet en 2012 : 2,9 millions d’euros. Le «taux de remplacement» est de 28 %.

Faible si on le compare au taux de remplacement du régime légal – 50% – et plus encore au taux moyen constaté en France en incluant les retraites complémentaires et les régimes spéciaux qui atteint 72%.

Le plus simple est d’aller lire ce qui est écrit dans le «Document de référence 2013 » de GDF Suez. Et là surprise, on y apprend que M. Mestrallet est retraité depuis avril 2012. En 2013, il a ainsi touché 90.000 euros de retraite «de base», celle des régimes collectifs inter entreprises ; mais comme il est rémunéré en tant que PDG il a renoncé à percevoir la retraite sur-complémentaire de 831 643 euros du groupe qui lui était acquise.

En réalité, il n’y a rien de nouveau et au contraire le coût total prévisible de cette retraite diminue chaque année depuis 2012, puisqu’elle n’est pas encore versée.

Cela dit la rémunération de M. Mestrallet comprenait 1,6 million d’euros de primes. Donc le taux de remplacement est plutôt de 60 %, ce qui est vraiment bien pour 28 ans de carrière.

Voilà qui permet à un gazier retraité de gagner deux fois plus que le mieux dotés des électriciens, le PDG nouvellement nommé d’EDF. Heureusement pour celui-ci que le gouvernement l’a choisi déjà riche, après une carrière à Vivendi où son niveau de revenus dépassait celui de M. Mestrallet.

Paris-Berlin le jour

Petit déjeuner DB Nuit

Le 13 juillet 2014, la SNCF et la DB ont annoncé la suppression la liaison Paris-Berlin par train de nuit. La DB déclare que les lignes de train de nuit sont «depuis des années dans le rouge», avec des pertes de «dizaines de millions d’euros». Une situation toujours plus critique : la fréquentation des lignes de nuit a diminué de 30% en 10 ans. La DB constate une hausse de l’utilisation des lignes à grande vitesse de jour et fait de plus en plus face à la concurrence des compagnies aériennes low-cost.

Les syndicats de la DB, alliés aux partis Die Linke et écologiste, militent contre cette mesure en défendant les intérêts des employés travaillant sur les lignes supprimées et appellent aux «initiatives citoyennes». Ils regrettent une décision dénuée d’imagination qui occulte le côté mythique de la ligne.

Les écologistes de Die Grünen, qui préfèrent les transports ferroviaires aux transports aériens, plus gourmands en énergie et générateurs importants de CO2 mettent en avant l’attractivité des trains de nuit et leur popularité et prônent le développement de «nouveaux concepts plus écologiques» .

«Un bon modèle politique, c’est quand on peut changer des choses même en étant opposés à une forte coalition» déclare Mme Leidig chargée des transports à Die Linke qui dénonce «la politique capitaliste à court terme du gouvernement».

Les salariés décrivent des trains de nuits de qualité : «Nous avons les meilleurs trains de nuit d’Europe, on peut même parler de trains-hôtels, où le confort est la première des valeurs. Les passagers bénéficient de nombreux services, de la réception au départ jusqu’au petit déjeuner dans des wagons spécialement aménagés.»

Les voyageurs sont des ingrats : ils bénéficient d’un voyage de 13 heures et renâclent à payer 253,60 euros pour  se régaler d’un petit déjeuner servi dans un carton.

Le gros malin de l’UMP

le-gros-malin

On reparle de Bygmalion.

Bygmalion était un groupe spécialisé dans le conseil et la communication basé à Paris et à Londres, fort d’une cinquantaine de collaborateurs. Fondé en octobre 2008 par un ancien cadre dirigeant de l’audiovisuel public, directeur délégué chargé de la stratégie, de l’innovation et de la communication, président de nombreuses filiales et inventeur du club France Télévisions, ce groupe se targuait de spécialisations en «Expertise, Discrétion, Culture du résultat, Sur-mesure».

Dès sa création il avait obtenu pour plus de 3 millions d’euros de contrats de la part de deux grands clients : le groupe UMP à l’Assemblée nationale – alors présidé par M. Copé – lui confiait diverses prestations : « veille et modération » sur Internet, « kit souffrance au travail », « monitoring e-réputation » et France Télévisions commandait de la veille sur Internet ou la gestion des mels des téléspectateurs. Des élus de l’UMP ont fait confier par leur mairie diverses petites prestations. L’UMP elle-même est devenue sa cliente pour des actions de formation ou d’organisation d’évènements, rejointe par des clients prestigieux : Dassault, Canal+, Arte, Coca-Cola, Dior, LVMH, Veolia, la Société générale, le Medef, l’Institut Montaigne et la Grande Loge Nationale de France, pour des montants plus limités. L’heure de gloire viendra quand Bigmalyon se verra confier l’organisation de la campagne du président de la république à sa réélection.

Mais tout ne semble pas clair. Les prestations semblent en général très chères : l’on suspecte que les clients «autres» auraient accepté de payer ces prix parce qu’ils pensaient aider ainsi l’UMP. Mais une partie de cet argent aurait pu servir à financer le train de vie – ou les caisses noires – de certains dirigeants plutôt que le parti. Inversement pour tenir le budget de la campagne présidentielle Bygmalion aurait sous-facturé ses prestations au candidat en se rattrapant par des sur-facturations à l’UMP.

Le fondateur de Bygmalion s’appelle Bastien Millot ;  c’est un ami fidèle de M. Copé dont il été directeur de cabinet à la mairie de Maux, puis chef de cabinet au porte-parolat du gouvernement. En 2004 il a été condamné, après plainte devant le tribunal correctionnel de la municipalité dont il était premier adjoint, à 8 000 euros d’amende pour avoir certifié 1 500 heures supplémentaires fictives d’un chauffeur ami. Une addition réglée par le contribuable.

Un spécialiste en «Expertise, Discrétion, Culture du résultat, Sur-mesure». Au fait BigMalyon ça donne BM comme Bastien Millot. Gros Malin, va !

mardi 7 octobre 2014

Oeuvre murale de satire politique ou graffiti offensant ?

BanksyUn graffiti se trouvait sur un mur de la ville de Clacton-on-Sea, dans le Sud-Est de l’Angleterre. Il représentait un groupe de pigeons s’adressant à une hirondelle à côté d’eux par des écriteaux contre l’immigration : « Les migrants ne sont pas les bienvenus« , « Retourne en Afrique » et « Laissez-nous nos vers de terre ».

Ayant reçu des plaintes accusant ce dessin d’être « offensant » et « raciste«  la mairie de la station balnéaire a fait nettoyer le mur.

Problème : ce graffiti était en fait une œuvre murale de l’artiste – anonyme – qui se fait connaître sous le nom de Bansky. Plusieurs oeuvres de ce célèbre artiste du street art ont déjà été détachées de leur support, et vendues plusieurs centaines de milliers de livres. La valeur du graffiti effacé était estimée à 400 000 livres (511 000 euros).

Les responsables de la mairie qui l’ont retiré du mur ont reconnu que l’aspect satire politique de l’œuvre leur avait échappé et regrettant leur erreur ont invité Banksy « à revenir à Clacton pour peindre une autre œuvre murale, réalisant trop tard les bénéfices en termes de tourisme d’avoir un Banksy dans la ville ».

Pas sûr que les citoyens choqués par ce travail auraient partagé l’idée qu’il n’était plus raciste depuis que l’auteur en était connu.