«C’est un honneur de respecter un engagement électoral», proclame Mme Duflot.
Porté au départ par les seuls écologistes lors de la campagne des régionales de 2010 puis intégré dans l’accord de constitution de la future majorité régionale PS-EELV conclu à l’arraché entre les deux tours, le tarif unique du passe Navigo devrait enfin voir le jour. Les zones 1, 2, 3, 4 et 5 vont disparaître. Actuellement, les tarifs de l’abonnement mensuel s’échelonnent de 67,10 euros pour les zones 1-2 à 113,20 euros pour l’ensemble des cinq zones. Dès septembre 2015 : tarif unique de 70 euros. La mesure devrait bénéficier à 4 millions de Franciliens.
C’est presque fait.
La Commission des finances de l’Assemblée nationale a d’ores et déjà adopté un amendement législatif pour permettre au Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF) de décider d’une augmentation du versement transport (VT) – la contribution acquittée par les entreprises sur la masse salariale et finançant les transports en commun. Cette augmentation du VT apportera quelques 200 millions de recettes supplémentaires au budget du STIF.
Le Président de la république avait bien promis le 6 novembre dernier que désormais il n’y aurait « pas d’impôt supplémentaire sur qui que ce soit », mais le VT n’est pas vraiment un impôt : c’est un « versement non prévu par le Code général des impôts ». Les sénateurs refuseront sans doute l’amendement permettant son augmentation, mais dans le processus législatif ils n’ont pas le dernier mot.
Le tarif unique se traduira par 400 millions de moins par an de recettes mais il suffira de faire des économies ailleurs. Pas sur l’investissement, promis, car «La tarification, ce n’est pas de l’investissement mais du fonctionnement», a précisé M. Serne, vice-président de la région. De toute manière la question ne se posera vraiment que pour le budget 2016.
Tout est bien dans le meilleur des mondes.
Pourtant la Fédération nationale des Usagers des transports d’Ile-de-France s’est prononcée contre la mesure. L’association persiste à penser que les sommes ainsi rendues aux usagers vont manquer pour les investissements. Elle pointe de plus une politique tarifaire peu à même d’attirer des usagers ponctuels et de les convaincre d’abandonner leur voiture : «Les non-abonnés ont été complètement oubliés. Un aller-retour Paris-Montereau coûtera par exemple 19,90€ à un non-abonné contre moins de 3€ pour un abonné.». Lequel, s’il est salarié, s’en fera rembourser la moitié par son employeur.
Cette mesure encourage l’étalement urbain au détriment de la densification et se trouve donc être antiécologique. Et elle ne touche pas les plus défavorisés, qui bénéficient en Ile-de-France d’une tarification sociale déjà très généreuse.
D’aucuns imaginent que ce tarif unique est un cadeau à des « classes moyennes » que l’on voudrait séduire ; les élections régionales, reportées, auront lieu au mois de décembre 2015.