Le programme PISA (« Program for International Student Assessment ») est un ensemble d’études menées par l’OCDE tous les trois ans visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs en évaluant les compétences des enfants de 15 ans dans différents pays. La publication de la toute première enquête en 2000 porta un grand coup au moral allemand : l’Allemagne se trouvait parmi les « mauvais élèves », loin derrière la France. Elle s’est alors engagée dans une réforme profonde de son système éducatif : rythmes scolaires, programmes, évaluations nationales, formation continue des professeurs, pédagogies différenciées… Tout a été réexaminé et repris progressivement, dans une démarche maintenant continue.
Douze ans plus tard, avec les résultats de l’enquête PISA 2012, la situation avait changé. L’Allemagne, désormais bonne élève, avait dépassé la France, dont la performance avait régressé, et désormais en milieu du classement, en compagnie du Royaume-Uni, à la traîne par rapport aux autres pays à l’économie «avancée». Et, pire pour un pays dont la devise comporte le mot d’égalité, l’enquête soulignait qu’«En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des pays de l’OCDE» et que cet écart s’accroissait : « Lorsqu’on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd’hui clairement moins de chances de réussir qu’en 2003« .
La ministre de l’Education nationale vient de réagir.
Alors que la France présente le record d’Europe du redoublement avec 37 % des élèves ayant redoublé au moins une fois au cours de leur scolarité, la Finlande est à l’autre bout de l’échelle, avec un taux de 2,4 % seulement. Et la Finlande a de bons – voire très bons – résultats PISA.
Par le décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014 relatif au suivi et à l’accompagnement pédagogique des élèves, la ministre de l’Éducation nationale a donc mis un terme à cette situation. Le redoublement est désormais proscrit à l’école maternelle, possible une seule fois à l’école primaire et réservé dans l’enseignement secondaire aux seuls élèves des classes de troisième et de seconde dont les parents le demanderaient parce que « la décision d’orientation définitive » à l’issue de ces classes ne leur conviendrait pas.
Décision fondée sur un sophisme ou un simple paralogisme ? Difficile de trancher.
Il semble certain qu’en revanche personne n’a informé la ministre que le faible taux de redoublement constaté en Finlande ne résulte pas d’une réglementation mais de son système éducatif. Deux grandes différences : les élèves en difficulté suivent des cours supplémentaires dans les matières principales et lorsqu’on leur propose un redoublement en fin d’année – ce qui concerne une proportion d’élèves similaire à celle de la France – on leur établit un programme de rattrapage et de révision à suivre durant les vacances scolaires afin d’être soumis avant la rentrée à une évaluation ; ces sessions rattrapent environ 80% des redoublants potentiels.
Au Royaume-Uni aussi le redoublement est exceptionnel, mais c’est parce que le passage à la classe supérieure ne se fait qu’en fonction de l’âge ; et les résultats PISA sont moyens. L’Allemagne annonce un taux de redoublants de 23%.
En fait les pays qui pratiquent peu le redoublement et ont de bons résultats recourent à l’accompagnement des élèves faibles dès l’apparition des toutes premières difficultés, l’enseignement en groupes de niveaux homogènes, la spécialisation des élèves dans les matières où ils sont bons voire la différentiation précoce des filières.
Autant de dispositifs qui ne semblent pas prévus en France.