Perdu sans mon percepteur

la voix de son maître

Scoop de France Info.

Des entreprises françaises font appel à des sociétés étrangères qui leur détachent en France des salariés français, révèle une journaliste du service économie et social de cette radio d’information continue. 13 000 Français seraient dans cette situation. Essentiellement dans les zones frontalières. Plus de 6000 en Lorraine. Comment font-ils cela ? Ils s’inscrivent dans une agence d’intérim luxembourgeoise travaillant pour une entreprise française.

« Je suis inscrit dans plusieurs agences au Luxembourg, je suis travailleur détaché, ça veut dire que je travaille sur des contrats luxembourgeois mais on m’envoie sur des chantiers en France, pour des clients français à Troyes, à Dijon à Paris, dans le Midi.«  explique un de ces Lorrains détaché en France.

En fait, il gagne mieux sa vie. Son employeur étant l’agence d’intérim luxembourgeoise il perçoit le salaire minimum en vigueur dans ce pays, plus de 1900 euros bruts. Il bénéficie aussi de la couverture sociale du Grand-Duché, très généreuse pour les allocations familiales et l’assurance-maladie. Et il peut se faire soigner en Lorraine, car des accords locaux existent avec la Caisse Nationale de Santé luxembourgeoise.

Mais l’entreprise française pour laquelle il travaille y gagne aussi :  « les charges, les cotisations sociales sont nettement moins élevées au Luxembourg, et donc l’ouvrier est moins cher. »

Tout le monde y gagne.

Voilà qui interpelle notre  journaliste. Elle a mené l’investigation et a découvert que c’était une stratégie « d’optimisation sociale ». Elle a  rencontré un consultant spécialisé qui lui a expliqué sans vergogne que  les entreprises lorraines peuvent même utiliser d’autres techniques pour avoir recours à des travailleurs détachés français à moindre coût et profiter des faibles cotisations sociales luxembourgeoises :  « C’est une stratégie d’optimisation, on essaie toujours de rester dans la légalité et une des solutions c’est de  créer une société mère, une holding qui détient les parts d’une société française tout en étant basée au Luxembourg. »

Parce que le problème c’est que c’est légal comme le lui a confirmé l’inspection du travail qui ne constate pas de fraude autour de ces travailleurs français détachés  en France.

Mais notre journaliste a compris le truc : « Des entreprises françaises qui  font travailler des ressortissants français sans payer de cotisation sociale en France, il y a donc clairement un manque à gagner pour l’Etat. « 

Et bien non.

Notre journaliste ne semble pas savoir que les cotisations sociales alimentent le budget de la Sécurité Sociale et pas celui de l’Etat. Or les travailleurs détachés du Luxembourg reçoivent des prestations financées par les organismes sociaux luxembourgeois auxquels ils cotisent, et déterminées selon les règles luxembourgeoises. Ils ne toucheront pas de retraite avant l’âge de 65 ans, par exemple

Moins de prestations, moins de charges. Moins de charges plus de salaire restant pour l’employé. Trop simple sans doute.

Et pourtant notre journaliste a été distinguée par le Prix du Journalisme des Radios Francophones Publiques.

Il est vrai que le reportage qui lui a valu son prix s’intitulait  « Danemark : le bonheur de payer des impôts » .

 

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