Total statut

Ceaucescu

Notre jeune ministre de l’économie, M. Macron s’exprimait la semaine dernière devant un think-tank classé à gauche « En Temps Réel ». Et voilà que selon des fuites parues dans la grande presse il s’y serait interrogé à haute voix sur la pertinence du statut des fonctionnaires. Il aurait poussé l’audace jusqu’à déclarer devant ce cénacle restreint que le statut n’était  «plus adéquat» pour un certain nombre de missions. «Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d’un emploi garanti à vie alors que le responsable de la cybersécurité d’une entreprise est contractuel en CDD…», aurait-il même précisé.

Emotion à gauche, et au sein du gouvernement. Toucher au statut des fonctionnaires c’est s’attaquer à l’un des grands textes démocratiques et progressistes du lendemain de la seconde guerre mondiale.

Pour la ministre de la Fonction Publique Mme Lebranchu, « le statut de la fonction publique permet des droits et des obligations ». Surtout fait-elle valoir « le statut de la fonction publique, ce n’est pas seulement la solidité de l’Etat, c’est la solidité de la Nation ». Quant à Mme Aubry, la maire de Lille c’est sans nuance excessive qu’elle a déclaré en avoir «ras-le-bol» de M. Macron.

Pourtant selon un sondage ad hoc le ministre de l’économie n’est pas isolé :  62 % des Français sont favorables à la suppression de l’emploi à vie pour les fonctionnaires. «Il y a eu une levée de boucliers sur des propos qui ne choquent pourtant pas l’opinion publique» souligne le directeur général adjoint d’OpinionWay, la société de sondage.

La loi « relative au statut général des fonctionnaires » adoptée le19 octobre 1946 avait été initiée dès mars 1945 par le général de Gaulle. Il s’agissait pour corriger les travers constatés lors de la III ème République d’organiser une meilleure indépendance du fonctionnaire du pouvoir politique. La directive du chef du gouvernement provisoire est de définir « les moyens de recruter et de former un corps d’administrateurs et de contrôleurs d’État ». Mais le projet de loi final élaboré sous l’impulsion de M. Thorez ministre d’État chargé de la Fonction publique ayant, bien que promu vice-Président du Conseil, conservé cette mission après la démission du général de Gaulle en janvier 1946, aura un périmètre bien plus étendu, en prévoyant notamment l’institution d’un régime spécifique de sécurité sociale et d’un nouveau régime de retraites et, surtout, en concernant l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat

Lors des débats parlementaires, M. Thorez aura pourtant un opposant. M. Pineau, le porte-parole du groupe socialiste, le troisième de l’Assemblée constituante provisoire, également président de la Commission des finances, regrettera que le texte soit « empreint d’un esprit totalitaire » et annoncera son intention d’entreprendre « la révision de certaines de ses dispositions essentielles ». Sans suite cependant. Trois mois après sa désignation la seconde Assemblée constituante provisoire votera le texte sans coup férir.

M.Macron n’est pas membre du Parti socialiste.

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