Une industrie en France qui ne connaît pas la crise de l’emploi. Mais du recrutement : 2 000 postes d’ouvriers qualifiés ne trouveraient pas preneur, par manque de candidats et de formation. Si elle séduit toujours les jeunes ingénieurs, elle connaît une pénurie de candidats pour les métiers de la production (ajusteurs, monteurs, soudeurs, chaudronniers…) où les départs à la retraite sont nombreux et où la relève ne suit pas toujours.
Et pourtant l’industrie aéronautique a de belles perspectives. On s’accorde pour estimer qu’au cours des vingt prochaines années le trafic passager va croître de 4,5 à 5 % par an. Perspectives que certains n’hésitent pas à projeter jusqu’en 2050. La flotte d’avions passagers et cargo devrait plus que doubler d’ici 2030. Quintupler et plus d’ici 2050. De la croissance en perspective.
Un avion consomme du kérosène, beaucoup de kérosène : 3,7 litres par passager pour 100 kilomètres : 450 litres en moyenne pour un aller-retour Paris-New York par voyageur. Et un avion rejette donc énormément de CO2 dans l’atmosphère. Mais ce n’est pas son unique impact sur le climat. Un avion émet aussi des oxydes d’azote, responsables de la production d’ozone, et de la vapeur d’eau qui provoque des trainées de condensation. Qui engendrent des nuages de haute altitude qui participent aussi à l’effet de serre.
Le CO2 émis par le secteur aérien représente un peu plus de 3 % des gaz à effet de serre (GES) émis sur la planète et lorsque l’on prend en compte l’ensemble des gaz rejetés par le secteur aérien, incluant également les émissions dans les aéroports, celui-ci est en fait responsable de 5% du réchauffement climatique.
Avec la croissance espérée, il pourrait donc émettre en 2030 l’équivalent de 10 % des émissions actuelles de GES et en 2050 entre 25 à 30 %. Sachant que l’objectif de stabilisation à terme de climat exige une division par 3 d’ici 2050 du niveau actuel de GES émis, en 2050 la seule activité contribuant au réchauffement climatique résiduelle devrait être donc le voyage en avion…
L’ONU a trouvé une solution pragmatique à ce paradoxe. Les émissions liées au trafic aérien échappent aux règlementations internationales sur la lutte contre le changement climatique. Elles n’ont pas été intégrées au protocole de Kyoto (1997) et ne sont pas examinées lors des différentes COP. C’est l’organisation des Nations unies dédiée à l’aviation civile , l’OACI qui doit formaliser un accord mondial pour réguler les émissions du secteur aérien. Il reste à trouver.
Et en France, l’avion bénéficie de quelques privilèges fiscaux : l’exonération totale de taxes sur le kérosène (taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques – TICPE et TVA) et un taux zéro de TVA sur les billets internationaux et un taux de TVA réduit sur les vols nationaux.
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