Blouse blanche

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Des chercheurs de l’Université McGill à Montréal viennent de publier une étude surprenante.

Ils ont analysé les résultats de 84 tests cliniques de médicaments anti-douleurs menés entre 1990 et 2013. Dans ces études, menées en double aveugle – ni le patient ni le soignant ne savent si le médicament est administré est le vrai ou un simple placebo – l’effet du traitement est mesuré à travers l’auto-évaluation par les patients de leur niveau de douleur. Mais alors qu’en 1996, les vrais anti-douleurs étaient évalués par les patients comme 27% plus efficaces que les placebos, il n’y a plus que 9% d’écart entre 2013. Les laboratoires pharmaceutiques peuvent s’inquiéter : plus de 90%  des anti-douleurs n’ont pas montré lors des tests d’effet significatif par rapport au placebo. En fait ce sont les résultats des placebos qui semblent s’améliorer.

Mais ce résultat n’est observé qu’aux Etats-Unis. Pas en Europe, ni en Asie. « Le simple fait de faire partie d’une étude américaine et de prendre un faux traitement semble désormais soulager la douleur presque aussi efficacement que beaucoup de nouveaux médicaments prometteurs »,.

A ce jour l’explication la plus plausible de ce phénomène très particulier réside dans le fait que les Etats-Unis sont le seul pays où les laboratoires peuvent faire de la publicité pour leurs médicaments directement auprès du grand public. Le discours promotionnel récurrent aurait renforcé l’effet blouse blanche : tout produit identifié comme médicament délivré par un soignant est a priori efficace. En cela les anti-douleurs se rapprocheraient donc des cosmétiques dont les plus appréciés sont ceux dont le coût comprend la plus grande part de dépenses de marketing et de promotion.

En France, la publicité auprès du  grand public n’est possible que pour les médicaments disponibles sans ordonnance et non remboursables par la Sécurité sociale. C’est à dire des médicaments dont le rapport coût-efficacité a été jugé médiocre. Pour compenser ?

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