M. Stefanini est un diplomate français d’expérience qui est actuellement chef du protocole de l’Elysée. Fonctions délicates dans lesquelles il doit réussir puisqu’il avait été choisi pour bénéficier d’une promotion.
Il devait être promu en mars ambassadeur à Rome. Pas auprès de l’Italie, mais près le Saint-Siège. C’est un choix raisonné : M. Stefanini a été numéro deux de cette ambassade de 2001 à 2005 et, quoique cela ne puisse être pris en compte dans notre république laïque, c’est un catholique pratiquant, adepte déclaré des vertus chrétiennes de « tempérance » et de « charité ». ll a été nommé en Conseil des ministres et il ne lui restait plus pour s’installer définitivement Villa Bonaparte à Rome qu’à recevoir l’agrément du Saint-Siège.
Mais bien que cette formalité ait été engagée par l’Etat français dès janvier, trois mois après, l’agrément n’est pas arrivé. M. Stefanini, célibataire sans enfants, ne cache pas son homosexualité même s’il mène une vie discrète et n’est ni marié ni pacsé. Il semble que cela ne convienne pas aux services pontificaux : au Vatican l’Eglise n’est pas séparée de l’Etat, bien au contraire
A vrai dire c’était prévisible : dès janvier, la nonciature à Paris aurait fait savoir que la candidature de M. Stefanini avait peu de chance d’être agréée. Il y avait d’ailleurs un précédent : en 2008, le Saint-Siège avait refusé la nomination du diplomate pressenti, gay, il est vrai pacsé.
Émotion en France contre cette discrimination. L’ancien ministre des affaires étrangères M.Kouchner a ironisé « le Vatican me semble mal placé pour refuser les homosexuels ».
Que reproche-t-on au Vatican ? D’appliquer ses valeurs ? Car, sur le plan formel c’est la France qui a failli. Depuis 1964 la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques a formalisé les principales « règles du droit international coutumier » en la matière telles qu’elles existent « depuis une époque reculée « . Et parmi celles-ci il est bien rappelé qu’un État qui désigne un ambassadeur « doit s’assurer que la personne qu’il envisage d’accréditer comme chef de la mission auprès d’un État […] a reçu l’agrément de cet État » et que ce dernier » n’est pas tenu de donner […] les raisons d’un refus d’agrément. »
Le pape François aurait récemment fait l’honneur à M. Stefanini de le recevoir en privé, mais pour lui dire « n’avoir rien contre lui, mais qu’en revanche il n’avait apprécié ni le mariage pour tous ni les méthodes de l’Elysée qui a tenté de lui forcer la main ».
Finalement la France serait prête à se passer de représentant. « Si on doit ne pas avoir d’ambassadeur au Saint-Siège jusqu’à la fin du quinquennat, cela ira très bien à François Hollande » aurait affirmé un haut responsable de la diplomatie française.
Voilà qui est sage. Si les valeurs du Vatican nous sont à ce point insupportables, pourquoi entretenir des relations diplomatiques avec ce pays ?
Et l’État fera des économies