Dans une interview récente, M. Frérot, le président de VEOLIA évoque les difficultés des relations entre les entreprises et les Français qui, selon lui, « jugent l’entreprise incompatible avec l’intérêt général ».
Cette appréciation serait également répandue dans la sphère politique. Si on le comprend bien les hommes politiques opposeraient l’intérêt général, défendu et mis en oeuvre par la puissance publique, aux intérêts particuliers d’entreprises mues par la recherche du seul profit pour leurs actionnaires.
Or pour M. Frérot « quand une entreprise se porte bien, c’est un bienfait pour un pays ». L’entreprise sert certes « ses actionnaires mais aussi ses salariés, clients, fournisseurs, et même la France ! » Plutôt que de s’immiscer dans l’économie la sphère politique devrait mettre en oeuvre le cadre qui incitera les entreprises à se développer.
D’ailleurs il estime qu’ailes faux de penser que l’entreprise appartient à ses actionnaires. Même juridiquement : un patron actionnaire qui part avec les machines commet un délit d’abus social. Rien ne justifierait que l’actionnaire laisse peu de place aux autres parties.
La multiplicité des positions que peuvent avoir sur un même point les différentes strates de la puissance publique suffit à susciter quelque doute sur l’effectivité de la conception d’un intérêt général, finalité supérieure aux intérêts individuels, qui dépasserait l’intérêt commun résultant de la somme desdits intérêts. Et si l’on en croit Ronald Coase et sa théorie de la firme, l’entreprise est typiquement un lieu d’intérêts communs, servant ainsi le bien public. C’est cette communauté autour de l’intérêt social d’une entreprise qui fonde la notion de bien social et interdit aux actionnaires de librement disposer de ses biens. Ceux de l’entreprise, pas les leurs.
L’entreprise a son destin qui n’est pas celui de ses actionnaires, mais ils n’en sont pas moins ses seuls propriétaires.