Trois mouvements sociaux

service public

Trois mouvements sociaux. Soit, du plus au moins bruyant dans les media, les pilotes d’Air France, les huissiers et les inspecteurs du permis de conduire.

Les pilotes d’Air France volent 600 h dans l’année ; la compagnie ne se développe plus et l’avancement – passer commandant de bord – y est lent. Ils peuvent choisir de rejoindre la filiale Transavia ; ils y travaillent plus (750 h de vol ) et gagnent (un peu) plus ; surtout ils y sont promus plus vite. Air France veut développer Transavia avec des bases étrangères. Les pilotes réclament que Transavia embauche aux conditions d’Air France. Ily aurait plus de commandants de bord. Grève.

Les huissiers sont des officiers publics. Ils ont un monopole légal pour certains actes – présenter des courriers – et gagnent très bien leur vie. Le gouvernement envisagerait de réviser le champ de leur monopole. Ils gagneraient moins bien leur vie. Grève.

Il y a engorgement à l’examen du permis de conduire ; le gouvernement se propose de rationaliser l’intervention des inspecteurs pour qu’ils puissent faire passer plus d’examens. Les épreuves théoriques qui sont automatisées seraient surveillées par d’autres agents, les examens poids lourd seraient concentrés. Grève.

Un point commun ?

Le volatile, la guérite et le chemineau

Voie désaffectée

Le volatile est un canard, un organe de presse hebdomadaire spécialisé.  La guérite se trouve dans Paris, le long de la petite ceinture : c’est un ancien local technique désaffecté, d’une douzaine de mètres carrés. Le chemineau, on dit maintenant SDF, a trouvé refuge dans la guérite dont il a fait depuis une dizaine d’années son domicile. Jusqu’à ce que récemment le propriétaire des lieux, Réseau ferré de France, reçoive «notification officielle» de cette occupation sauvage et, du coup, engage une procédure d’expulsion ; sa responsabilité serait susceptible d’être «engagée». Ce dont le volatile se gausse : pourquoi se réveiller au bout de dix ans ? Il n’y a pas grand risque d’être renversé par un train sur sur la petite ceinture.

Mais là n’est pas la question. Le propriétaire du domaine public doit respecter la loi : l’occupation doit être régularisée par un titre. Ce titre ne saurait ignorer que ce local sert de domicile. La loi prescrivant des mesures minimales pour toute habitation, Réseau ferré de France devrait procéder à d’importants et coûteux travaux pour respecter les normes. Ce n’est pas son métier. Il expulse.

Et pas la peine d’essayer d’ignorer les normes par accord. Ni d’oublier qu’il a un occupant sans titre.  S’il peut démontrer que Réseau ferré de France était au courant et a laissé faire, un juge pourrait le mettre en demeure de loger décemment ce chemineau.

Les magistrats et la banquière internationale

justice

ll semble que M. Tapie avait été pleinement associé aux opérations de vente d’Adidas par le Crédit Lyonnais. S’il a été lésé ce n’aurait pas vraiment été à l’insu de son plein gré. Et pour pouvoir engager des actions en réparation il aurait falsifié des documents. Puis truqué l’arbitrage qu’il aurait obtenu.

Mme Lagarde, ministre des finances à l’époque avait lancé cet arbitrage contrairement à la recommandation de la majorité de ses conseillers qui lui suggéraient de poursuivre des procédures. Il n’est pas certain que c’était une très bonne décision mais c’était la sienne.

Mme Lagarde n’est plus ministre puisqu’elle été nommée directrice générale du FMI mais l’affaire de l’arbitrage a été portée devant la Cour de justice de la République et la procédure s’est poursuivie. Les magistrats instructeurs viennent de décider de  mettre l’ancien ministre en examen pour «négligence».

Mais la négligence, en droit – comme en français – c’est tout le contraire de choisir un parti ; c’est ne rien faire.

Nos magistrats réinventeraient-ils la langue française parce qu’ils ne voudraient pas abandonner une si belle affaire ?

La maternité des Lilas ne sera pas transférée à Montreuil

Bébé et chaton

L’agence régionale de santé renonce au projet de transfert de la maternité privée des Lilas (93) au sein de l’hôpital de Montreuil, du fait du rejet des personnels.

Ceux-ci souhaitent que la maternité garde son autonomie et préserve son « esprit ».

Depuis sa création en 1964 la maternité des Lilas est devenue un lieu symbolique d’une « certaine idée de la naissance » ; on y développe un projet médical qui privilégie des séjours relativement longs des patientes au moment de la naissance et on y prend le temps de prodiguer des conseils aux nouvelles mères. Les tarifs sont conventionnés, sans dépassement. Des couples viennent de bien au-delà de la seule commune des Lilas à cette maternité et les inscriptions  s’y font plusieurs mois à l’avance.

De nombreuses personnalités soutenaient les personnels, au premier rang desquelles M. Bartolone, président de l’Assemblée Nationale et ancien président du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Le problème : un déficit d’exploitation de 2 millions d’euros, incompatible avec 24 millions d’euros d’investissement nécessaires pour reconstruire une maternité neuve.

Décidons de ne pas traiter le problème : les 2 millions d’euros ne sont rien, en face du bonheur des mères «bobos».

Ce même jour le gouvernement annonce qu’il faut trouver 21 milliards d’euros d’économies dans les dépenses publiques.

Moins de pauvreté en France en 2012

Boulier

En 2012 8,5 millions de personnes (13,9 % de la population) vivaient en France métropolitaine sous le seuil de pauvreté. Elles étaient 8,7 millions en 2011 (14,3 % de la population).

La pauvreté recule. Tant mieux. Quoique…

Toute l’échelle des niveaux de vie a reculé en 2012, et donc le seuil de pauvreté, fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian, qui a baissé de 1 %. Tout le monde est plus pauvre, y compris les plus pauvres, mais comme ceux-ci se sont moins appauvris que les moins pauvres qui se sont plus appauvris qu’eux, le taux de pauvreté diminue. Vous avez suivi, c’est de la simple logique : quand la moitié de la population sera au niveau de vie zéro, le taux de pauvreté sera nul.

Il n’y aura plus de pauvres puisqu’il y en aura trop.

Il n’y a que les Suisses qui sont assez simples pour calculer un taux de pauvreté «absolu» par rapport à un minimum vital. On ne va pas les accepter dans l’Union.

Mais au fait, qu’aviez vous compris l’année dernière quand vous aviez entendu que le taux de pauvreté avait augmenté entre 2008 et 2011 ?

Mme Royal veut imposer le bâtiment public à énergie positive

Le retour du positif

La ministre de l’Ecologie a affirmé que sa future loi imposerait «que tous les nouveaux bâtiments publics ou recevant des subventions publiques soient à énergie positive».

Curieux : M. Valls annonce la simplification des normes pour diminuer les coûts et voilà de nouvelles normes. Mais en fait c’est une décision déjà prise il y a bien longtemps : notre ministre ne nous le rappelle pas mais une directive européenne de 2010 stipule que «le 31 décembre 2018, les nouveaux bâtiments occupés et possédés par les autorités publiques» devront être «à consommation d’énergie quasi nulle».

Pour les autres bâtiments c’est 2020  mais on l’a déjà voté en France en 2009 avec la loi Grenelle (en même temps que l’écotaxe ) alors la ministre n’en parle plus.

Mais au fait que sont ces bâtiments à énergie positive : des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Génial. Il doit y avoir un truc.

Il est tout simple : c’est en moyenne sur l’année. On construit des bâtiments très bien isolés qui captent le moindre rayon de soleil, étanches à l’air pour garder la chaleur et on les équipe d’autant de panneaux solaires que nécessaire. Comme ça en été quand il fait chaud on peut réinjecter de l’électricité dans le réseau, quand on n’en a pas besoin, qui compense la consommation de l’hiver.

On consomme donc de l’énergie et émet du CO2 pour produire des panneaux qui produiront en fait assez peu d’énergie – et plutôt inutile – mais on est «positif».