Le sénateur apprécie les grands millésimes.

 

None

Le Sénat et l’ESSEC co-organisent depuis 1999 un concours national pour les entreprises innovantes, Tremplin Entreprises. Les lauréats sont sélectionnés par un comité présidé par M. Adnot, Sénateur et Président du conseil général de l’Aube.

En 2007, la 9ème édition deTremplin Entreprises était dédiée au vin : son aspect économique et ses innovations technologiques. Ce secteur si typiquement français et inscrit dans les territoires et leurs traditions pouvait donc générer des réussites entrepreneuriales.

Le concours avait distingué un « Entrepreneur modèle » M. Sauty de Chalon, jeune président de 1855 start-up du vin qu’il avait fondée en 1995.

Pour 1855, introduite en Bourse en décembre 2006, afin qu’elle « devienne à la distribution de vins ce qu’Hermès était à la mode », en offrant à la vente 25 000 références des domaines français les plus prestigieux, M. Sauty de Chalon avait développé un modèle économique original.

La société de négoce travaillait sans stock, en ne s’approvisionnant qu’à réception de la commande. Elle économisait ainsi coûts de stockage et d’assurance. 1855 pratiquait de même pour les vins en primeur. D’ordinaire, la vente en primeur permet d’offrir un vin qui n’est pas encore élaboré : le client le paie d’avance sans savoir ce qu’il vaut et bénéficie d’un rabais d’environ 30 % sur la valeur probable du vin qui lui sera livré dix-huit mois plus tard. 1855 vendait les vins en primeur sans les avoir réservés au préalable auprès de leurs producteurs et achetait les bouteilles auprès de négociants au moment de la livraison.

Las,  lorsqu’à compter de 2004, la cote de certains millésimes s’est envolée, 1855 n’a pas été en mesure d’acheter le vin commandé et de le livrer à tous ceux qui l’avaient payé. La société est rapidement entrée en conflit avec les producteurs, qu’elle accusait de refuser de livrer ses clients tout en les leur renvoyant.  A partir de 2011, des procès ont lieu un peu partout en France et les condamnations se sont mises à pleuvoir.

Bien que la société aie régulièrement bénéficié d’apport d’argent frais, notamment de M. Meyers, époux de l’héritière de L’Oréal Françoise Bettencourt qui y aurait injecté entre 8 et 10 millions avant de se retirer, elle ne pouvait échapper au redressement judiciaire en 2013 et à sa mise en liquidation début 2015. Elle laisse derrière elle onze mille créanciers pour une dette déclarée de 40 millions d’euros.

On annonce qu’une procédure pénale pour escroquerie serait instruite depuis 2013 : le business model consisterait en fait  à honorer les commandes les plus anciennes avec l’argent des nouveaux acheteurs, de la simple cavalerie

L »UFC-Que choisir dénonçait dès 2007 un système de « vente à découvert, flirtant avec l’illégalité, car le vendeur propose un produit qu’il n’est pas certain de fournir ». Pourquoi a-t-il fallu attendre 8 ans ?

Lors de son allocution au Sénat, pour la remise de son prix d’Entrepreneur modèle, M. Sauty de Chalon déclarait que « le sujet principal n’est pas d’obtenir du financement, mais d’’avoir de bonnes idées. Car si vous avez de bonnes idées, les financements suivront naturellement. ».

Et son idée était simplissime : 1855 a toujours scrupuleusement honoré les commandes des journalistes et des VIP.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *