Les bons comptes font les bons amis

Vases communicants

En avril 2014 M. Hamon,  ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, se félicitait que la loi Consommation qu’il venait de défendre pour apporter  « plus de transparence, plus de liberté, plus de protection, plus de garanties et plus de pouvoir d’achat » mette fin à la règle du «toute heure entamée est due» dans les parkings en y imposant la tarification au quart d’heure à compter du 1er juillet 2015.

Il était beau joueur. Car cette disposition n’était pas dans le projet de loi qu’il avait soumis. Elle résultait d’un compromis sur un amendement déposé par l’opposition rendant obligatoire la tarification à la minute, à laquelle il s’était opposé à l’Assemblée Nationale. Le ministre était bien favorable à ce que le prix corresponde « à la réalité du temps passé dans le parking ». Mais faisait-il remarquer  » la plupart des parkings sont gérés sous la forme d’une délégation de service public  Il en existe plus de mille deux cents. Pour appliquer la mesure que vous proposez, il faudra donc renégocier des contrats et réaliser des expertises ». Devant l’unanimité de la Commission compétente il avait cependant accepté la proposition du Sénat de la mettre en oeuvre au 1er janvier 2016. Avant de la défendre lui-même en seconde lecture sous la forme légèrement différente de la tarification au quart d’heure, six mois plus tôt, finalement adoptée

Une enquête réalisée en juin 2015 par l’UFC-Que Choisir révèle que cette tarification au quart d’heure a engendré une augmentation sensible des tarifs de parkings : «Le prix d’une heure de stationnement a augmenté de plus de 7% en deux ans. »

Contraintes par la loi de renégocier leurs concessions de parkings les communes ont donc décidé des augmentations importantes. L’UFC-Que Choisir dénonce des hausses qui pénalisent les usagers  «Selon notre expertise, une augmentation des tarifs de 5,4% serait suffisante pour que le chiffre d’affaires des concessionnaires soit maintenu « .

A dire vrai l’écart de 1,6 % semble minime. D’autant plus que deux ans ont passé. Et le ministre avait bien rappelé qu’il fallait « tenir compte non seulement des gestionnaires des parkings, mais également des collectivités locales. Les parkings représentent une recette pour les collectivités locales ». Confirmant ainsi les propos d’une sénatrice déclarant à propos de son expérience personnelle que «  la technique du paiement à la minute ne pose aucun problème et qu’on n’aurait pas eu besoin de dix-huit mois pour la mettre de place. Simplement, on ne voulait pas le faire, parce que l’autre système nous rapportait de l’argent, »

Pour garder leurs recettes avec la tarification au quart d’heure les communes allaient devoir augmenter les tarifs. C’était parfaitement prévisible et su. Mais ni quantifié et encore moins annoncé. Ni par les parlementaires, ni par le ministre, qui tous mettaient en avant le côté juste de la réforme.

Aujourd’hui simple député frondeur l’ancien ministre a trouvé les coupables : ce sont les sociétés concessionnaires qui « ont maintenu le niveau exceptionnellement élevé de rentabilité de leur activité en opérant une péréquation entre les différentes tranches de tarification, de manière à, certes, rapprocher la tarification du temps d’usage, mais sans aucun transfert de marge au profit de nos concitoyens. »

 

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