Il n’est pas rare d’entendre – ou de lire – que l’Union européenne – et plus encore la zone Euro qui se targue d’être une Union économique et monétaire – seraient par nature des instruments au service d’une idéologie économique ultra-libérale.
A première vue on pourrait penser qu’il y a là une confusion entre les politiques qui sont menées et les règles du cadre institutionnel dans lequel elles sont conduites. De même que la Constitution française qui établit les règles du fonctionnement de notre pays s’accommode de politiques économiques diverses au gré des majorités successives le cadre de fonctionnement de l’Union européenne serait neutre. Et les politiques « libérales » qui seraient menées ne feraient que traduire des orientations voulues par les majorités politiques dégagées au niveau européen.
Certes le Traité de l’Union européenne précise que l’Union « œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social ».
Des objectifs aussi consensuels – voire brumeux : qui saurait définir une économie sociale de marché ? – ne déterminent pas l’orientation de la politique économique. Chaque sensibilité, chaque parti a sa propre vision et sa propre réponse sur comment les atteindre. Certes cette rédaction, en évoquant le marché, exclut les politiques économiques prônant la propriété collective des moyens de production généralisée à tousles secteurs dans le cadre d’une planification d’ensemble. Mais cette doctrine qui ne subsiste plus vraiment qu’en Corée du Nord et dans des formes dégradées à Cuba et en république populaire de Chine n’a plus guère qu’un succès d’estime. De même en visant la croissance économique équilibrée, la rédaction refuse-t-elle d’envisager les solutions de décroissance. Qui restent promues par bien peu de citoyens. Mais au-delà de ces incompatibilités affichées le cadre institutionnel européen ne se prononce pas sur la nature ou l’intensité de la redistribution des richesses entre citoyens.
Tout au plus peut-on y trouver avec l’accent porté sur la stabilité des prix la trace de la préoccupation allemande de protéger l’épargnant.
En revanche le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne est plus précis ; il indique que la politique économique de l’Union est « fondée sur l’étroite coordination des politiques économiques des États membres, sur le marché intérieur et sur la définition d’objectifs communs, et conduite conformément au respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ».
Et à vrai dire la combinaison de ces deux notions clairement affichées d' »une concurrence libre » dans « un marché intérieur » relève bien d’une politique classiquement qualifiée de libérale. En tout cas elle n’est pas compatible avec des politiques fiscales et sociales faisant supporter des charges trop différentes aux producteurs des différents pays, dès lorsqu’ils sont en concurrence. C’est aux consommateurs et aux citoyens de chaque pays – par l’impôt direct ou indirect – qu’il revient alors de supporter l’écart de coût de politiques publiques différents
Pourquoi ne pas le reconnaître ?